Gauche blafarde et gauche anticapitaliste

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Depuis que Mme Thatcher et Ronald Reagan ont initié, au début des années quatre-vingt, la contre-réforme libérale, les partis sociaux-démocrates européens se sont résignés, les uns après les autres, à l’accompagner en s’évertuant vainement d’en limiter les excès. Vingt-cinq ans après, Ségolène Royal en est aujourd’hui à constater que « l’identité de la gauche ne va plus de soi ». Maître d’œuvre de La République des idées, Pierre Rosanvallon découvre que la social-démocratie « n’est plus une idée neuve », comme elle est censée l’avoir été dans les années soixante.

La plupart des candidats et candidates à l’improbable rénovation ou refondation du Parti socialiste s’accordent à diagnostiquer un manque d’idées ou l’absence d’un grand dessein, ou à déplorer les ravages d’une « guerre des chefs » qu’ils contribuent par ailleurs à entretenir gaillardement. Leur parti ne manque pourtant pas d’experts, ni de diplômés en tout genre. Mais le mal est bien plus profond qu’une panne sèche d’imagination ou qu’une grotesque conspiration d’ego.

En France, l’adoption en juin dernier d’une nouvelle déclaration de principes du Parti socialiste parachève son alignement à retardement sur la mue accomplie en Angleterre par le New Labour de Tony Blair et Gordon Brown, en Allemagne par le Nouveau centre de Gerhardt Schröder, en Italie par le Parti démocrate de Veltroni. Bizarrement, personne, à la veille du congrès de Reims, n’évoque plus cette déclaration quasi unanime. Ce n’est pourtant que la cinquième du genre depuis celle, fondatrice, de Jaurès. Comme tout geste symbolique solennel, il faut donc lui supposer une certaine importance. Elle officialise en effet l’abandon de toute référence à la lutte de classe et l’acceptation du capitalisme concurrentiel comme horizon indépassable de tous les temps.

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