L’année 68

« Une convergence de résistances et de révoltes »

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Le discours versaillais de Nicolas Sarkozy, le 29 avril, à Bercy, avait le ton de la revanche sociale : « Mai 68 nous avait imposé un relativisme intellectuel et moral… Le culte de l’argent roi et du profit à court terme a été porté par les valeurs de Mai 68 […]. Je propose aux Français de rompre réellement avec l’esprit, avec les comportements, avec les idées de Mai 68. Je propose aux Français de rompre réellement avec le cynisme de Mai 68. Je propose aux Français de renouer en politique avec la morale, avec l’autorité, avec le travail, avec la nation. » Travail, famille, patrie : la trilogie vichyste au grand complet.

Avec cette oraison funèbre de l’esprit de Mai, la boucle de la révision historique est bouclée. En 1978, c’était déjà la cérémonie des adieux : l’ordre était rétabli au Portugal, et la gauche divisée avait perdu les élections législatives. En 1988, en prélude aux fastes dépolitisés du Bicentenaire, c’était la réécriture mitterrandienne de Mai 68 comme prémisse à la modernisation et tremplin vers la gloire d’une génération hédoniste. Un an avant le quarantième anniversaire, Sarkozy escamote d’un tour de bonneteau la plus grande grève générale, et fait de Mai 68 le bouc émissaire des dégâts de… la contre-réforme libérale !

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